​Définition

L’écosilience nous invite à agir pour intégrer harmonieusement l’être humain et ses systèmes de production dans l’écosystème naturel planétaire.

​Contexte

Dans un monde en mutation, marqué par des crises écologiques, sociales et climatiques, l’écosilience s’impose comme une réponse transformatrice.

Transdisciplinaire, systémique, holistique, elle transcende les approches traditionnelles et incarne une vision où la nature, les humains et leurs créations coexistent dans un équilibre dynamique.

​Vision globale

l’écosilience en condensé

Avec ses dimensions techniques, sociales, économiques, politiques, scientifiques, philosophiques et artistiques, l’écosilience nous propose un modèle écologique profondément interconnecté pour une prospérité équilibrée et responsable :

1. Une économie régénérative et circulaire qui soutient les humains et prend soin de l’écosystème planétaire.

2. Des solutions locales ancrées dans une vision globale pour répondre aux enjeux actuels.

3. Une alliance entre science et art pour cultiver la beauté et la sagesse dans nos systèmes.

4. Un engagement humain, éthique ou spirituel, pour tisser des liens profonds entre les êtres et avec la nature et l’univers.

L’écosilience nous rappelle que prospérer ne signifie pas consommer toujours plus mais vivre en harmonie avec le monde du vivant.

L’écosilience nous invite à créer des systèmes robustes, générateurs de vie, où la nature et les humains coexistent de manière dynamique, créative et durable, pour une abondance respectueuse et partagée.

L’écosilience ne cherche pas à imposer un modèle figé, elle incite au questionnement et offre une vision vivante, positive, multiple, évolutive et inclusive. Elle propose une manière d’être et de faire qui résonne avec les besoins profonds de la planète et des êtres vivants.

Elle offre un mot qui cristallise une idée d’harmonie dynamique globale. Elle fusionne des concepts clés pour désigner un système robuste capable de s’adapter, se régénérer, et prospérer durablement, en répondant aux défis environnementaux, climatiques et sociétaux.

Être écosilient.e, c’est participer à cocréer un monde où la coopération entre l’humain et la nature devient non seulement possible, mais essentielle.

​Étymologie

1. Éco-

Du grec ancien oikos (οἶκος), signifiant “maison”, “habitat” ou plus tard “milieu de vie”.

Cela ancre le terme dans une vision systémique des relations entre les humains et leur environnement planétaire.


2. -silience

Du latin saliens : sauter, bondir. Suffixe qu’on retrouve dans résilient ou concilient.

Cela rappelle que nous sommes moteur de nos choix et de nos engagements et souligne notre capacité à agir. Au-delà de notre adaptabilité face aux fluctuations de notre milieu, il intègre la possibilité d’évolution positive, d’oser trouver une place dans notre « maison » (planète) en bâtissant un futur durable en résonnance avec les écosystèmes.


3. Inspirations

« liance » comme pour souligner les liens profonds et conscients entre les humains, la nature, et les générations futures. Une interdépendance active, un engagement collectif et volontaire à coexister harmonieusement, en bâtissant un futur durable en symbiose avec les écosystèmes.

« silence » pour se laisser le temps d’observer, d’interpréter et d’écouter.

« consilience », qui évoque concilium (assemblée, conseil), amène une vision transdisciplinaire où écologie, culture, intelligence collective et philosophie convergent pour permettre une compréhension globale des enjeux du monde.

​Socles de l’écosilience

L’écosilience se déploie autour de quatre socles principaux :


1. Pragmatisme et Idéaux : réparer et construire

L’écosilience répond pragmatiquement aux urgences actuelles tout en traçant un avenir idéal.

• Réparer : restaurer les écosystèmes terrestres et aquatiques dégradés et réparer les systèmes économiques et sociaux dysfonctionnels.

• Construire : imaginer des modèles de société fondés sur des principes écologiques, de diversité, d’interdépendance et de coévolution harmonieuse.


2. Local et Global : raisonner entre échelles

L’écosilience conjugue actions locales et visions globales.

• Local : valoriser les savoir-faire locaux, respecter les besoins spécifiques des territoires et s’appuyer sur les communautés.

• Global : inscrire ces initiatives dans une perspective planétaire, où chaque action contribue aux équilibres mondiaux.


3. Science et Spiritualité : une alliance puissante

L’écosilience unit la rigueur scientifique et la sagesse spirituelle pour éclairer une nouvelle intelligence écologique plus intuitive dans un monde fluctuant.

• Science : les avancées scientifiques et technologiques offrent des outils puissants pour comprendre la dynamique des écosystèmes, optimiser les ressources et développer des solutions innovantes en coopération avec l’environnement.

• Spiritualité : inspirée, elle nous reconnecte aux cycles naturels, à la beauté du monde et nous invite à découvrir notre rôle en tant que gardiens de la Terre.


​4. Instruction et créativité : vecteurs du changement

L’écosilience intègre l’art comme un langage universel et l’apprentissage comme un outil de transformation sociétale.

• Instruction : la transmission des savoirs et de la mémoire collective par l’enseignement et le partage d’expérience permet d’apprendre à s’interroger, de comprendre notre environnement, d’encourager l’autodétermination et de s’ouvrir aux autres.

• Créativité : Explorer l’inconnu, connecter des éléments inattendus et s’autoriser à jouer avec les possibles en mêlant intuition, imagination, expérimentation et esthétique ; pour concrétiser les rêves d’harmonie collective.

​Quelques principes de l’écosilience

Les écosystèmes prospèrent grâce à des réseaux d’interdépendance, où chaque espèce joue un rôle clé dans le maintien de l’équilibre. Cette collaboration entre les organismes, à l’image de celle des coraux avec les poissons ou celle des arbres avec les champignons dans une forêt, reflète une écosilience collective, dans laquelle la survie et la prospérité reposent sur la coopération et l’adaptabilité.


Ces principes invitent à repenser les pratiques humaines pour créer un avenir durable, équitable et naturel.


Interconnexion et diversité :

• Tous les systèmes vivants (naturels et humains) sont interdépendants. Chaque action individuelle ou collective influe sur un tout plus vaste. Les humains, les animaux, les végétaux et même les matières non vivantes sont des participants actifs dans un vaste réseau interdépendant.

• La diversité et l’hétérogénéité sont des richesses qui démultiplient les capacités d’adaptation et d’innovation de l’ensemble du système. Des forces à priori contraires peuvent s’avérer complémentaires pour créer des systèmes robustes et adaptables.


Adaptation et régénération :

• La transformation constante est l’essence même de l’évolution et de l’adaptation, un équilibre en mutation perpétuelle, entre existant et renouveau. Face à la nécessité d’adaptation, chaque fluctuation devient une opportunité de réajustement et d’innovation, pour se réinventer et prospérer ensemble.

• Restaurer et régénérer ce qui a été dégradé permet d’assurer une gestion durable et éthique des ressources naturelles, matérielles et sociales.


Justice et coopération :

• Une répartition équitable des ressources, en répondant aux besoins actuels sans compromettre ceux des générations futures garantit une évolution durable.

• Favoriser l’expérimentation, la coopération et l’inclusion permet de renforcer la solidarité et ouvre les portes vers l’harmonie et l’adaptabilité sociale, économique et environnementale.


Responsabilité et bien-être collectif :

• Agir individuellement avec cœur de manière responsable permet de prendre collectivement des décisions éclairées pour choyer les écosystèmes et les relations humaines. L’épanouissement humain s’accompagne d’une responsabilité envers le vivant.

 La prospérité ne se mesure pas seulement en termes de richesse matérielle, mais dans la qualité des relations entre les individus, leur environnement, et eux-mêmes. Mettre l’accent sur la qualité des relations, la santé, l’éthique, l’enseignement et l’épanouissement individuel facilite des modes de vie qui allient sérénité, sobriété, bienveillance, diversité, entraide et connexion à la nature.

​La dimension intérieure de l’écosilience

Au-delà des aspects purement écologiques et systémiques, l’écosilience nous motive à cultiver notre bon sens et notre joie de vivre et à recentrer les valeurs humaines. Elle invite ainsi à une transformation intérieure profonde en expérimentant une connexion authentique avec la nature et ses enseignements.


Cette approche repose sur plusieurs applications essentielles :

• S’émerveiller des cycles et fonctionnements naturels : Dans la nature, des connexions extraordinaires existent entre les différents organismes d’un même écosystème ; l’unicité de chaque chose reflète la complexité du monde et la diversité des formes et des motifs semble infinie. En prenant le temps et en observant la nature, nous pouvons intégrer une vision plus globale et équilibrée de notre place dans le monde.

• Accueillir le changement comme une opportunité et le reconnaître comme une force motrice de transformation, cultiver notre capacité de rebond et d’adaptation. La vie est mouvement. Chaque chose est éphémère. La souplesse, plutôt que la rigidité, devient un moteur de stabilité à long terme. Au lieu de résister à l’impermanence, il s’agit de l’accepter comme une dynamique naturelle, une spirale vertueuse, porteuse d’évolution.

• Cultiver notre curiosité et notre intuition : La curiosité, comme moteur d’apprentissage, incite à s’interroger, à s’émerveiller, à découvrir et à étudier les phénomènes qui nous entourent. L’intuition, comme forme d’intelligence complémentaire de la rationalité, est une capacité innée, qui stimule la sérendipité et nous aide à prendre des décisions importantes rapidement.

• Adopter une posture d’intendance et de responsabilité : Plutôt que de chercher à dominer ou être acteur passif, cette approche propose d’agir en protecteur actif des écosystèmes. Il s’agit de contribuer à l’équilibre global en protégeant, régénérant et cocréant des environnements durables, avec humilité et respect.

Cette manière d’interagir avec le vivant nous rappelle que nous sommes profondément liés à un tout. En cultivant une relation harmonieuse avec notre environnement, nous contribuons à construire des systèmes robustes et équilibrés, tout en renforçant notre propre capacité à évoluer et à prospérer face aux changements.

​L’écosilience en action

1. Des pratiques agricoles régénératives pour restaurer les sols, favoriser la biodiversité et maximiser les ressources tout en valorisant les connaissances locales et ancestrales.

2. Des écosystèmes urbains innovants, pour transformer les villes en espaces où chaque citoyen.ne.s est acteur de l’écosilience, des hubs d’innovation et de créativité au service de la planète et de ses habitant.e.s (laboratoire urbain vivant, jardins partagés, villes lentes, éducation citoyenne…) Créer des espaces où artistes, ingénieur.e.s, ouvrier.e.s et entrepreneur.e.s collaborent autour de réalisations écosilientes alliant technologie, logique pratique et expression artistique.

3. Des constructions responsables pour bâtir en combinant matières premières éthiques, innovations, savoir-faire traditionnels, technologie et pratiques responsables écosilientes.

4. Des organisations coopératives, participatives et inclusives, qui mettent l’écoute active, l’innovation et la valorisation des talents au centre de leur stratégie et deviennent des espaces d’expérimentations sociales et des plateformes d’épanouissement personnel et professionnel (associations, ateliers participatifs, réseaux d’échange, économie circulaire, gestion collective des communs, narration collective, gouvernance partagée, convention citoyenne…).

5. Des performances engagées, artistiques et culturelles, utilisées comme vecteurs de transformation profonde des mentalités, pour générer des prises de conscience, sensibiliser, influencer et modifier les comportements individuels et collectifs, tout en valorisant la richesse des talents créatifs humains (land art, surcyclage, conférence gesticulée…)

6. Des transports efficaces et respectueux de l’environnement au sens large. Enjeu fondamental de la transition, le transport moderne doit s’appuyer sur des solutions innovantes pour répondre aux défis contemporains, en repensant la mobilité, notamment à travers l’usage de la voile, des voies ferroviaires, des canaux et d’autres technologies durables.

7. Une sobriété heureuse en adoptant un mode de vie simple et conscient, où l’essentiel prime sur le superflu, permettant de vivre en harmonie avec soi-même et son environnement. Le présent est un cadeau et l’éphémère est fée mère. Cultiver le plaisir dans la frugalité, en valorisant l’abondance de la nature et les richesses immatérielles comme le partage, la créativité et la connexion au vivant.

8. Des productions raisonnées innovantes qui utilisent des énergies réfléchies, prennent en compte le réusage des déchets, font preuve d’ingéniosité et transcendent leurs fonctions initiales pour devenir moteurs d’une société plus équitable, connectée, et tournée durablement vers l’avenir (intrapreunariat vert, jugaad, matériaux biosourcés et biocarbonés, infrastructures partagées…)

9. Des objets, des habitats et des ateliers comme récits vivants. Chaque construction, chaque outil, chaque produit manufacturé, devient un vecteur de sens. Ils racontent une histoire collective, celle des matériaux, des techniques et des cultures locales.

10. Une médecine et des soins accessibles au service d’une société en bonne santé. En alliant connaissances modernes, écoute de soi et pratiques naturelles, la médecine renforce le lien entre les individus, leur corps et leur environnement et participe ainsi à une qualité de vie optimale.

11. Des lieux de permaculture appliquée qui donne corps à des idéaux de bien-être, de respect de l’environnement et de partage d’abondance, en appliquant une philosophie écosiliente : « mimétiser » la nature, valoriser la complémentarité des cultures, observer les écosystèmes, favoriser les effets bordures, faire en sorte que chaque déchet devienne une ressource, améliorer la biodiversité, cultiver des sols vivants…

12. Des enseignements diversifiés, qui s’adaptent à chaque individu, en stimulant la curiosité, la soif de découverte, la créativité et l’envie d’apprendre ; en favorisant le partage d’expériences et en intégrant des approches collaboratives et intergénérationnelles.

Apprendre en s’amusant, la nature offre un terrain de jeu éducatif, où les apprenants découvrent ses merveilles par des activités sensorielles, ludiques et pratiques. L’apprentissage devient alors une aventure collective, enrichissante et joyeuse pour construire un monde où chacun trouve sa place avec enthousiasme et inspiration.

​Une vision positive pour l’avenir

L’écosilience est un moteur d’espoir car elle offre une perspective optimiste et inspirante sur l’avenir. Les défis actuels peuvent devenir des opportunités pour réinventer nos objectifs et notre rapport au monde. Cette vision positive repose sur plusieurs éléments clés :

• S’appuyer sur la capacité de transformation humaine : Les individus et les communautés ont une immense capacité d’adaptation, de créativité et de résilience. En cultivant ces qualités, il est possible de bâtir des systèmes plus justes, durables et en harmonie avec la nature.

• Réimaginer notre place dans le monde : Plutôt que de se focaliser sur les pertes ou les menaces, l’écosilience nous invite à mettre le génie humain et sa pensée créatrice au service d’une harmonie qui nous dépasse et à envisager un avenir où l’être humain cohabite en symbiose avec la nature, valorisant la biodiversité et les ressources locales.

• Soutenir une transition fondée sur la coopération : L’avenir se construit à plusieurs. En misant sur la solidarité, l’innovation collective et la transmission, nous créons un tissu social robuste. Ensemble, nous pouvons vivre les crises comme l’opportunité d’un changement positif.

• S’inspirer des solutions existantes qui fonctionnent : Partout dans le monde, de multiples initiatives montrent qu’un autre modèle est possible (des villes plus vertes, des énergies renouvelables accessibles, des pratiques agricoles régénératrices, des liens sociaux plus forts...) Ces exemples prouvent que la transition est non seulement réalisable, mais déjà en cours.

En choisissant l’écosilience comme boussole, nous pouvons regarder l’avenir avec joie. L’écosilience est l’art de la sagesse écologique en mouvement… Elle invite à contempler la beauté de la nature et à penser en termes de complémentarité plutôt que d’opposition.

Chaque action, aussi modeste soit-elle, contribue à poser les fondations d’un monde où prospérité, respect de la vie et bien-être collectif s’enrichissent mutuellement. L’avenir ne se subit pas : il se cocrée.

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